21 décembre 2014

Excursion de fin de trimestre

Le premier trimestre va s'achever avec la fête de Noël. Les cours sont terminés depuis vendredi, et la journée de lundi sera consacrée à une récollection destinée à préparer la Nativité dans nos âmes. Elle sera prêchée par l'abbé Benjamin Durham, de notre maison de Lausanne en Suisse.

Pour nous détendre (mais pas nous reposer !) nous sommes partis en excursion très tôt en ce samedi des Quatre-Temps de l'Avent, pour une messe célébrée par l'abbé Reiner dans la fameuse abbaye bénédictine de Beuron, à environ deux heures au nord-ouest du séminaire, dans le Land du Baden-Wurtemberg.



Fondée en 1008 sur une boucle du Danube, dont les sources sont proches, l'abbaye de Beuron a donc récemment fêté son millénaire. Les moines bénédictins de la Congrégation de Beuron y sont présents depuis 1862, succédant après moult péripéties à des Chanoines de St-Augustin. 



Très active dans le Mouvement liturgique, l'abbaye a créé en 1884 le principal missel latin-allemand pour les fidèles, le "Schott". Elle est aussi connue pour les fréquents séjours qui fit Edith Stein, et bien sûr pour son style artistique très typique et original, une esthétique inspirée des arts égyptien et byzantin.

Après la messe et une petite collation, nous avons rejoint la rive proche du Danube pour en suivre le cours sur cinq kilomètres, avant de monter en lacets vers la forteresse de Wildenstein, qui domine toute la vallée. 




Ce piton stratégique est couronné depuis le début du XIVe siècle par une forteresse imprenable, mais le château actuel a été construit pour le comte Gottfried Werner von Zimmern de 1520 à 1550. Très rustique, cette "Pierre sauvage" ( = Wildenstein) possède des murs de dix mètres d'épaisseur. Passé à la famille des Hohenzollern, il a été vendu en 1971 pour l'équivalent de 70 000 euros, mais a nécessité 10 millions d'euros pour sa réfection et l'installation de l'eau et de l'électricité. 



Après la visite, nous avons retrouvé notre car pour 45 km de route vers l'est, en passant notamment par Sigmaringen, pour parvenir à l'abbaye d'Heiligkreuztal (en français : la vallée de la Sainte Croix, car l'abbaye en conserve une relique importante). Nous avons chanté les vêpres dans l'abbatiale gothique de ce béguinage créé en 1226, devenu plus tard abbaye cistercienne. 




On y admire tout spécialement, au fond du choeur, une remarquable statue gothique représentant le Seigneur et St Jean. En signe de communion, ils sont assis sur le même banc, et comme à la Cène, la tête du disciple repose sur le coeur de Jésus. La main gauche de Notre Seigneur est posée sur l'épaule de Jean en signe d'amitié, tandis que sa main droite soutient la main de Jean, en symbole de fidélité. 



Jésus bien sûr est disproportionné, le maître étant plus grand que le disciple. Son regard est dit "gothique" : les yeux regardent dans deux directions différentes, ce qui signifie qu'il voit tout et partout. C'est le symbole de la Providence : pro-videre signifie voir en avant et peut aussi être traduit par pré-voyance. Le Seigneur voit ce qui nous est encore inconnu, il sait et peut tout, et est donc digne de confiance.
En revanche les yeux de St Jean sont mi-clos, signe de contemplation, car la vision mystique ne se fait pas avec les yeux du corps, mais avec les yeux de l'âme. 
Notons le symbolisme des couleurs : Jésus est vêtu de gris, signe d'humilité (les pauvres ne pouvant s'offrir le luxe des couleurs chatoyantes), mais aussi d'or, signe de gloire. Ainsi sont symbolisées son humanité et sa divinité. Enfin St Jean, apôtre de la charité, est logiquement vêtu de rouge, mais aussi de vert, symbole d'espérance (le sapin de Noël, toujours vert, est porteur de cette espérance : la verdure est signe de vie).

L'abbatiale propose encore, entre autres trésors, un impressionnant ensemble de sculptures consacrées à l'adoration du Christ flagellé, avec notamment un St Pierre aux larmes de repentir et un angelot sanglotant.







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